La mer souillée

 

Au pied de la falaise , où la mer vient dormir,

L’immense étendue d’eau cerne toutes les terres,

Elle a toujours aidé les hommes à se nourrir,

Naviguer, sur flots parfois très en colère.

 

Qu’elle est belle la mer, tant d’êtres l’ont aimée,

Avec ses doux reflets, elle ondule pour plaire.

Regards rêveurs posés dessus l’onde calmée,

Admirons ses couleurs, d’aurores roses claires.

 

Un bateau poursuit à l’horizon son chemin,

Comme un dessin d’enfant sur une page blanche,

Bâtiment destiné à porter dans son sein,

Ce pétrole puant venu du fond des âges.

 

Soudain derrière lui le sillage est noirci

Par les vastes lames qui suivent le navire,

Ordre a été donné dans le seul but précis,

Lavage des ballasts, méfions nous du pire.

 

Des mouettes, là-haut, lancent des cris stridents,

Semblent se révolter, devant peu de scrupule,

Dans l’acte nauséeux à grand rapport d’argent,

Pour une faune humaine sentant le remugle.

 

Quelques heures plus tard, ces vagues polluées,

Viendront endeuiller  falaises, rochers et plages,

Mort lente des oiseaux aux ailes engluées,

Qui ouvrent grand leur bec, leurs derniers cris de rage.

 

Grands groupes pétroliers, affréteurs, armateurs,

Des tankers arborant en toute complaisance,

Politique d’États, tous des pokers menteurs,

Laissent tous ces forbans jouir de leur puissance.

 

Dégazages en mer sûrement perdureront,

Tant que les derricks jusqu’à plus soif extrairont,

Cet or noir rendant fou les tribus des larrons.

 

Cependant faisons vœux pour un proche avenir,

Que nos noires marées soient un pâle souvenir,

Que rois pétroliers visent autres devenirs

 

Qu’ils écoutent avec leur cœur la mer de Trenet,

Celle des blancs moutons sans noirâtres traînées,

Celle des golfes clairs sous des cieux satinés.

 

 Joseph Rosa